Kevin, élève de TS, 2008 (copie de Bac Blanc)

Note obtenue

Appréciation globale

15 Réflexion bien menée : bonne identification du sens de la question dés le début, expression claire et précise. Des connaissances maîtrisées.
Sujet :
Le désir suppose-t-il la connaissance préalable de son objet ?


Introduction

Le désir d'un objet, d'une personne affecte tout être humain. Il est source de vie et d'espoir. Pour désirer un objet, on peut avoir appris à le connaître auparavant, mais ceci n'est pas une obligation. Le désir c'est la tendance vers une chose, un être dans le but de nous satisfaire. La connaissance préalable évoque la raison, une réflexion sur l'objet avant de le désirer. C'est-à-dire qu'il faut apprendre à le connaître avant de pouvoir l'apprécier et donc de le désirer. Doit-on connaître un objet pour le désirer ? Ou au contraire le désir ne se fait-il pas sans contrôle et sans préméditation ?

Première partie









1
Très discutable
2 Tout dépend ce que l'on entend par "connaître"

Tout d'abord, on peut dire que le désir suppose une connaissance préalable de son objet.

Il faut désirer ce qui dépend de nous et non du hasard. Ainsi, notre connaissance de nous-même et de ce qui s'y rattache nous permet de savoir ce que nous désirons. Dans ce cas, le désir et la connaissance sont donc liés et indissociables. Au contraire, le hasard, c'est-à-dire ce qui ne dépend pas de nous, ne nécessite aucune connaissance. Mais pour être heureux, il ne faut pas le désirer et donc se concentrer sur ce qui nous concerne plus directement. Et c'est dans ce cas que le désir implique une connaissance préalable de son objet. Par exemple, dans une école antique de philosophie : le stoïcisme, cette idée était soutenue. En effet, les stoïciens développaient le fait qu'il est nécessaire pour vivre heureux de désirer ce qui dépend de nous et donc implicitement, ce que l'on connaît.

Le désir peut également se traduire par l'envie de devenir comme quelqu'un. En effet, on peut vouloir se reconnaître à travers un personnage, un modèle. Cette idée engendre obligatoirement1 une connaissance du sujet à qui l'on veut ressembler. Il faut évidemment connaître2 son modèle pour vouloir le copier. Ainsi, le désir entraîne une réflexion préalable sur l'objet qui est ici une personne. Et s'il y a une réflexion, il y a aussi une connaissance et non l'inconnue du modèle désiré qui serait absurde. C'est le cas quand un fan souhaite devenir comme sa star préférée et qu'il désire avoir la même carrière, la même vie. Alors, il connaît forcément sa star et un minimum de sa biographie.

Lorsque l'on désire une chose, c'est qu'elle nous attire pour plusieurs raisons : aspect physique, utilité... Ainsi, on peut désirer l'objet et tout ce qu'il va nous servir à faire. Il faut donc connaître cet objet, ce qu'il fait et ce qu'il pourra nous apporter. Dans ce cas, l'homme réfléchit auparavant à ce à quoi pourra lui servir l'objet et ensuite il se peut qu'il le désire. Par exemple, quelqu'un qui désire l'I-phone, a auparavant regardé ce que le téléphone pouvait faire. Il s'est renseigné sur ses caractéristiques et c'est cette connaissance préalable de l'objet qui engendre le désir d'acquérir l'I-phone. Au contraire, quelqu'un qui ne sait même pas ce qu'est l'I-phone, n'aura pas le désir de l'acheter. Dans ce cas, désirer un objet inconnu serait absurde mais parfois la non connaissance de l'objet nous pousse à l'imaginer et à le désirer.

Deuxième partie












3 Mal dit







4  Tu aurais 
dû développer davantage la référence au texte.

Le fait de ne pas connaître vraiment l'objet peut tout de même provoquer le désir.

Le désir est lié à l'imagination. On peut donc s'imaginer l'objet sans pour autant le connaître. La non connaissance d'une chose nous pousse même à nous l'imaginer. Ainsi, on peut donc idéaliser un objet et le désirer puis être déçu lorsqu'on l'a car il ne correspond pas à ce qu'on s'était imaginé. Notre imagination a un tel pouvoir qu'à partir de n'importe quel mot, on peut en penser une chose complètement différente de son sens. Cette force nous permet de désirer tout et n'importe quoi car même si l'on a imaginé un objet qui dans la réalité  est différent, on désirera notre rêve et non l'objet réel. Ainsi le désir ne suppose pas la connaissance préalable de son objet. Le fait que le désir soit quelque chose qui ne se contrôle pas engendre aussi l'inconnu de l'objet. En effet, le désir peut survenir à tout moment et parfois nous surprendre. Il en convient donc3 que l'objet  ainsi désiré est presque inconnu. Par exemple, lorsque quelqu'un nous parle d'un nouveau produit hi-tech, on peut se l'imaginer et le désirer sans connaissance de cet objet. Pour illustrer le dernier argument, on peut dire que lorsque quelqu'un fait les magasins, il peut désirer un objet dans une vitrine sans le connaître et ce désir est incontrôlé.

On désire moins l'objet en lui-même, désirer un objet, c'est plutôt désirer l'idée que l'on s'en fait. En effet, on désire plus un objet pour ce qu'on croit qu'il est. On pourrait dire qu'il faut désirer le désir, ainsi l'objet en question est moins important que le désir qu'il crée. La connaissance préalable de l'objet n'est alors qu'artificiel et le désir est provoqué par le fait de vouloir désirer. C'est qu'illustre Rousseau4 dans La nouvelle Eloïse où il essaie de répondre à la question de savoir quel est l'objet du désir.  Stendhal a également réfléchi sur le sujet. A deux époques différentes, tous les deux ont donc conclu que désirer un objet c'est plutôt désirer l'idée que l'on s'en fait.

Enfin, le caractère illimité et superflu des désirs montre que l'on n'en veut toujours plus. S'il n'y a pas de limites, il n'y a pas vraiment de volonté et de raison. Et ainsi, si la raison est absente, il n'y a pas de réflexion et donc pas vraiment de connaissances. Dans ce cas, le désir nous rend aveugle, si notre raison ne prend pas le dessus, nous pouvons désirer tout et n'importe quoi et beaucoup de choses inutiles. Ainsi, nous ne prendrions même pas le temps de réfléchir préalablement de l'objet et donc d'apprendre à le connaître. Les désirs illimités, superflus, se font donc sans connaissance préalable de l'objet. C'est ce que l'épicurisme enseignait. En effet, pour Epicure, le caractère superflu et sans limite des désirs rendait l'homme malheureux s'il n'arrivait pas à les contrôler et ces désirs ne se faisaient donc sans aucune réflexion et raison.


Conclusion

Le désir suppose donc aussi bien la connaissance préalable de son objet et l'inconnu. Dans le premier cas, il s'agit de désirer ce qui dépend de nous pour en avoir la connaissance. Le fait de désirer devenir comme un modèle entraîne la connaissance de celui-ci. Lorsque l'on désire un objet pour ses fonctions et pour ce qu'il va nous apporter, il va de soi qu'il faut le connaître. Mais le désir lié à l'imagination laisse l'homme libre de désirer l'irréel et donc de désirer un objet imaginaire dont on n'a aucune connaissance. Le fait que désirer un objet c'est plutôt désirer l'idée que l'on s'en fait engendre une connaissance facultative de l'objet. Enfin, lorsque l'on en veut toujours plus, il n'y a pas de raison et pas vraiment de connaissance.

Cette question a un grand intérêt dans la compréhension de ce qu'il faut désirer et s'il faut mieux connaître un objet pour le désirer ou laisser libre place à l'imagination et à l'inconnu.